Conseil
supérieur d'hygiène publique : Avis et Recommandations |
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Avis concernant les règles de prophylaxie des infections pour la pratique "d'actes corporels" sans caractère médical avec effraction cutanée (tatouage, piercing, dermographie, épilation par électrolyse, rasage)
Séance du 15 septembre 2000
Le groupe de travail sur les hépatites de la section des maladies transmissibles du Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France (CSHPF), après avoir analysé les recommandations émises au niveau international, en distinguant celles qui s'appuient sur des données validées et consensuelles , concernant certaines pratiques (tatouage, piercing, dermographie, épilation par électrolyse, rasage) ;
Considérant que les données disponibles montrent :
- que le rôle de ces pratiques dans la transmission de virus demeure difficile à déterminer avec précision. En effet certaines pratiques, soit sont retrouvées en liaison avec dautres pratiques identifiées comme facteurs de risque (notamment lusage de drogue intra veineuse, le multipartenariat sexuel) ou circonstances à risque (détention), soit sont très répandues (coiffure, esthétique) et ne peuvent être individualisées en tant que facteurs de risque ;
- que ce risque est difficilement quantifiable car la probabilité de transmission virale dépend de multiples facteurs : certains sont inhérents à lacte (nature des gestes, profondeur de leffraction de lépiderme), dautres dépendent de la rigueur et du statut de la personne qui effectue le geste, tous peuvent varier dans le temps (vigilance par rapport au respect des règles dhygiène et charge virale circulante éventuelle) ;
- que la transmission dagents infectieux en particulier viraux (notamment de ceux qui se propagent par le sang ou des liquides biologiques) est possible, dès lors quil sagit dactes entraînant une effraction cutanée, liée à lacte ou accidentelle, avec effusion de sang ou de liquide biologique ;
- que la transmission peut se faire soit principalement entre les personnes qui se soumettent à ces pratiques (à partir dune personne infectée), soit accessoirement à partir de la personne qui réalise lacte si celle-ci est infectée . Dans ces deux cas, le non respect des procédures dhygiène générale et/ou lutilisation de matériel non correctement désinfecté ou stérilisé peuvent entraîner une contamination ;
- que la mise en uvre des précautions " standard " et l'utilisation de matériel à usage unique minimisent le risque de transmission virale ;
- que des mesures particulières de désinfection et de stérilisation sont nécessaires pour éviter ou limiter la transmission dagents infectieux et doivent sappliquer aux dispositifs entraînant une effraction cutanée, liée à lacte ou accidentelle lors de celui-ci ;
La section des maladies transmissibles du Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France a émis l'avis suivant :
- une information et/ou une formation sur le risque infectieux auprès des personnes réalisant ces actes ou sy soumettant est nécessaire ;
- des précautions dhygiène de base (en adaptant les recommandations existantes en milieu de soins) doivent être respectées par toutes les personnes réalisant ces actes : ces précautions concernent les locaux, le matériel, les produits, les modalités de réalisation des actes, en particulier les désinfections cutanées ou muqueuses, les procédures de nettoyage, de désinfection et de stérilisation et délimination des déchets par une filière protégée ;
- le matériel à usage unique, dès lors quil existe, devrait être utilisé ;
- des guides de procédures (qui pourraient sinspirer des recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales et pour la désinfection des dispositifs médicaux) réalisés avec la collaboration des personnes qui pratiquent ces actes et soumis pour avis au CSHPF seraient très utiles ;
- des contrôles devraient être effectués sur le respect des précautions dhygiène dites " standard " dans les locaux des personnes qui pratiquent ces actes (studios de tatouages et de piercing, salons desthétique ou de coiffure¼ ) ;
- limmunisation, contre le virus de lhépatite B, des personnes qui effectuent ces actes est fortement recommandée.
- il est rappelé que certains actes réglementés, notamment les actes dépilation par électrolyse, ne peuvent être pratiqués que par un médecin (Code de la santé publique, Arrêté du 6 janvier 1962).
Ces aspects sont superposables à ceux rencontrés lors de la réalisation dactes médicaux et paramédicaux. Ils font ressortir en outre les difficultés à prévoir pour améliorer la sécurité dactivités, dont certaines ne sont pas réglementées.
Cet avis et son annexe ne peuvent être diffusés que dans son intégralité, sans suppression, ni ajout*